Souligner d' abord d' un trait - projet de livre 24
"... abandonner un grand bateau bleu, une canne plantée sur toute la diagonale de la page, des étoiles, souvent des étoiles, qui éclairaient la cargaison de couleurs et d'objets massés sur la page. Ou alors, mais toujours avec une grande fébrilité, de la pointe des pinceaux il s'acharnait à caresser puis battre chaque lettre d'un message, à l'entourer puis la mordre, la pointe du fouet bleu, jaune ou noir, selon l'inspiration, entamait un jambage, forçait un délié, butait contre une syllabe, traversait un mot, s'affolait, pris au piège de la forêt noire, prisonnier d'une plantation régulière de lignes bien soudées; c'était soudain, le pinceau renversait les alignements, accrochait en s'y déchargeant des pans entiers d'écriture qui fondaient sous une nappe de couleur et le pinceau revenait dans cette nappe, s'y installait, en renforçait les contours, piétinait sur place, puis fusait vers une autre place, brisant sur son tumultueux passage tous les couloirs, il se retournait, défrichait autour de lui, repoussait par secs et brefs balayages les pointes et les boucles, faisait mine de lancer un chemin, ou faisait mine de s'assoupir, mais se vautrait dans l'endroit, éclaboussait, dégorgeait une flaque qui ruisselait parmi la page et s'infiltrait dans le papier. Un nouveau pinceau rentrait dans le rectangle, une nouvelle couleur. Sur l'abondance déjà des rigoles, des buttes, des visages, des étoiles et du ciel, le pinceau parcourait une spirale jusqu'à se poser lentement à l'entrée d'une ligne, y fixer une goutte de liquide carmin."
Verso du motif peint, page 42, page originale de B. Lamarche Vadel, Vétérinaires, Gallimard éditeur 1993.
envie de tâches ? de lâcher d'encre?....se prendre pour une seiche en colère et éviter de sécher jusqu'à l'apaisement du pinceau !
RépondreSupprimerDe l'Art comme un combat...
RépondreSupprimer@Gwendoline,
RépondreSupprimerLes tâche, c' est souvent involontaire, elles sont rebelles et intenables...on s' arrange comme on peut avec elles !
Tout à fait Ötli, un combat comme les aimait le poète Henri Michaux :
RépondreSupprimer" Ah le terrible, le tremblant qui dissipe tout l' univers si aisément "
Iniji, in Moments, gallimard 1973.
Excellente journée !
Bonjour,
RépondreSupprimerje voudrais vous remercier!Remercie pour votre main!Excusez ma l'absence suffit!
Je jouis de votre art dans le silence.
salutations
Megi
Alors, je vous laisse tout à votre regard megi!
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